Sunday, 25 July 2021

Nadjet Dahmoune and مرايا أمازيغية





Anep editions published Nadjet Dahmoun's short story collection  مرايا أمازيغية  in 2016.

مرايا أمازيغية are short stories told by women of all ages who look back on a defining moment in their past to make peace with it. These stories are painful, often tragic, and according to Dahmoune they are typical of the situations confronted by women in Amazigh society. In مرايا أمازيغية Dahmoune weaves thoughts in Tamazight into the Arabic text. A much needed bilingual combination rare elsewhere.






Nadjet Dahmoun et مرايا أمازيغية, publié par les éditions Anep (2016).

Si dans le reflet d’un miroir, c’est l’image de soi qu’on aperçoit, et c’est aussi une partie des autres qui se dessine. Ce miroir à double réflexion, Nadjet Dahmoune l’a construit dans son recueil de nouvelles Miraya Amazighiya (مرايا أمازيغية), publié par les éditions Anep (2016).

À travers trente nouvelles, trente femmes se racontent en langues arabe et tamazight. Des histoires à plusieurs voix, celle d’une narratrice qui observe ces femmes, et celle de chacune de celle-ci qui, à un moment critique de son parcours, examine les marques que le destin a laissé sur sa mémoire.

Dans ce Miroir Amazigh se reflète des visages comme celui de Na Tasaadit et les sept mouchoirs qui représentent ses mariages, ou de Sherifa qui découvre avec dégoût la perdrix que sa belle-famille a coupée en 35 morceaux; ce qui la décidera à divorcer. On entrevoit aussi des femmes comme Tunissiya qui s’autodétruira en s’inventant un cancer, ou Faouzia qui panse ses plaies chez son fils après que son mari se soit révélé être celui qu’elle a toujours refusé de voir.

Certains reflets se transforment en murmures tant ils sont difficiles à regarder. Comme ceux de Na Hbouba qui a assassiné sa fille, ou Meriem qui se réconcilie avec les tortures qu’elle a subies dans l’enfance.

Nadjet Dahmoune, devenue mémoire collective, raconte les destins très différents de femmes jeunes ou âgées, aux parcours apaisés ou encore hantés, qui ont vécu des drames tellement communs qu’ils en deviendraient presque invisibles si ce n’était justement pour des récits, oraux et écrits, qui les transmettent pour prévenir, et aussi guérir.

Chaque récit, contée dans une langue fraîche et simple, se lit comme si on l’entendait raconter. Des mots mesurés pour dire des vérités complexes, dont l’horreur est relatée tout en suspens, comme un conte d’épouvantes.

En façonnant son recueil sur cette opposition entre douceur et effroi, réalité et fictionalisation, Dahmoune a capturé sagesses et acceptations, aveux et introspections.

La source d’inspiration de Nadjet Dahmoune est la communauté amazigh dont elle est issue comme elle tient à le souligner dans son introduction, mais son recueil et les vies dont elle s’est inspirée s’inscrivent bien au-delà en illustrant l’universalité des souffrances et des circonstances.
En insérant les réflexions de ses personnages en langue tamazight, avec une traduction déguisée en réponse ou introduite entre parenthèse, Nadjet réussi un clin d’œil décomplexé au multilinguisme qui nous est si propre, et enrichi son texte d’une manière souple et naturelle.

Miraya Amazighiya de Nadjet Dahmoune, publié chez les éditions Anep, avril 2016 (pp. 460)

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